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Accueil des Ukrainiens – Témoignages

Plusieurs familles ont quitté l’Ukraine en guerre pour trouver refuge à Conflans-Sainte-Honorine. Témoignages.

Yuliia, réfugiée ukrainienne :

Yuliia et son fils Yan ont reçu la visite du Maire, Laurent Brosse.

 

La vie avant la guerre

« Nous vivions dans le centre de la capitale, Kiev. Mon mari Denis travaille au Crédit agricole d’Ukraine et moi pour une entreprise dans l’informatique. Nous menions une belle vie là-bas, nous avons un petit garçon de 7 ans, Yan. Il est bon nageur et aime aller à la piscine. Mon mari pratique la course à pied, notamment les marathons, il a participé à celui de Paris en 2019. Il a aussi couru ceux de Berlin et d’Istanbul. J’aimais aussi courir, mais sur de courtes distances. J’appréciais aussi le yoga et le Pilates. Nous aimions voyager et découvrir de nouveaux pays. »

 

Le départ d’Ukraine

« Nous avons décidé de quitter notre maison lorsque nous avons entendu le bruit des bombes, à 4h du matin. Des amis nous ont appelés pour nous dire que la Russie avait commencé l’invasion de l’Ukraine. À partir de 4 heures du matin, des attentats à la bombe ont eu lieu au-dessus de l’Ukraine et plusieurs à Kiev. On nous avait dit qu’il fallait s’y préparer, mais nous ne croyions pas forcément à cette attaque, même la veille encore. Nous pensions que ce n’était que du bluff. Mais lorsque c’est arrivé, ça a été terrible. La première semaine, nous avons eu du mal à réaliser. C’était horrible, comme un mauvais rêve. Nos amis d’Irpin (ville proche de Kiev) nous ont dit que les forces russes avaient attaqué leur bâtiment civil et qu’il avait été détruit. Nous ne pouvons pas croire que cela soit possible en 2022. Nous avons pris la fuite en voiture avec notre fils pour nous réfugier chez des amis près de Kiev. Ils ont aussi fait leurs bagages et nous sommes allés à l’ouest du pays dans trois voitures, dans l’optique de passer en Pologne. En raison de la loi martiale, tous les hommes devaient rester en Ukraine, ne pouvaient pas quitter le pays, contrairement aux femmes et aux enfants. Avec mon fils, j’ai décidé de rejoindre la France et Conflans-Sainte-Honorine parce que la mère de mon mari, Svetlana, vit ici. Le voyage a été très difficile car nous avions trois jeunes enfants (3, 7 et 11 ans) pour deux adultes. Il nous a fallu environ 9 jours pour arriver, par la route. »

 

Les premiers pas à Conflans

« Le soutien de la France et des Français est incroyable. Nous avons ressenti de la bienveillance à notre égard dès les premiers jours et jusqu’à maintenant. Une fois arrivés à Conflans, il fallait réfléchir à comment reconstruire nos vies, c’est stressant. Grâce à la Ville, nous avons cet appartement qui nous permet de vivre confortablement. Nous essayons de réorganiser notre vie. Nous sommes arrivés le 9 mars et mon fils Yan va à l’école Paul-Bert depuis le 31 mars. Il apprend le français. Depuis notre arrivée, nous avons passé beaucoup de temps à la préfecture et dans d’autres endroits pour effectuer toutes les démarches administratives, liées à l’école notamment. Les services municipaux m’ont bien aidée dans ces formalités, par exemple pour l’inscription à la cantine. Pour ma part, j’aimerais reprendre le travail. J’ai toujours travaillé donc je ne sais pas comment je ferai sans emploi. J’apprends le français à la maison de quartier du Plateau-du-Moulin. Dans mon entreprise en Ukraine, j’avais l’habitude de parler en anglais donc j’espère retrouver du travail dans le secteur de l’informatique et la conformité des règles, où l’anglais est très utilisé. J’ai l’autorisation de travailler en France et je veux être utile ici. »

 

Une vie de famille chamboulée

« Concernant mon fils, je souhaite qu’il se sente bien à l’école, se fasse des amis, puisse passer du temps avec eux et mener une vie normale. J’ignore combien de temps nous devrons rester ici car nous n’avions jamais imaginé pareille situation et difficile aujourd’hui de savoir combien de temps cette guerre va durer. Certains disent que ce sera pour quelques mois, d’autres des années… On ne peut pas savoir. Mon mari est resté en Ukraine et il nous manque beaucoup. Ce n’est pas une situation normale d’être séparés. Il est à Kiev et travaille toujours au Crédit agricole, sous les alertes de raids aériens. Le secteur bancaire continue à fonctionner dans notre pays en temps de guerre. Nous échangeons tous les jours. Ma mère aussi vit encore à Kiev. C’est très dur pour mon fils, il me dit tous les jours que son père et sa grand-mère lui manquent. C’est difficile pour lui d’aller à l’école, il pleure tous les matins, il n’était pas prêt à vivre cette situation et tout ce chamboulement dans sa vie. En septembre dernier, il est allé à l’école à Kiev et s’y est fait de nouveaux amis. Maintenant, il arrive dans une nouvelle école en CP, avec de nouveaux camarades qui ne parlent pas sa langue, une nouvelle situation. Tout ça est très dur pour les enfants. Surtout à cause de toute notre vie passée laissée en Ukraine. »

 

Comment se changer les idées

« Nous avons la chance d’être dans un appartement au Clos-de-Rome avec vue sur la Seine, c’est agréable. Nous allons nous promener régulièrement sur les quais. Comme loisirs, je n’en ai pas pour l’instant mais j’aimerais amener mon fils à la piscine. Merci à la Ville qui nous a invités au Théâtre Simone-Signoret pour voir un spectacle, c’était très divertissant. Le mercredi soir, nous allons aussi à la maison de quartier du Plateau-du-Moulin pour parler avec les autres Ukrainiens accueillis à Conflans. C’est bien de se serrer les coudes et s’échanger des informations. Nous avons reçu beaucoup de dons de Conflanais, des vêtements, des puzzles, des jouets pour Yan, de la nourriture… Des personnes nous ont demandé ce dont nous avions besoin. Toute cette solidarité, c’est vraiment incroyable… Merci beaucoup à Conflans pour cet accueil si chaleureux. Je serai toujours reconnaissante à tous les Français qui nous ont accueillis et nous ont aidés à nous sentir comme chez nous. »

Ekaterina, Conflanaise :

Ekaterina (à gauche), aux côtés d’Iryna et Valeria.

 

Une aide spontanée aux réfugiés

« Avec mon mari et deux enfants en bas âge, nous avons accueilli une maman, Iryna, et sa fille de 9 ans, Valeria. De par mon histoire – je suis originaire de Russie, après 4 ans d’université en Biélorussie et j’ai continué mes études et fait ma carrière en France, où je vis depuis 18 ans –, j’ai parmi mes amis beaucoup d’Ukrainiens. Lorsque la guerre a commencé, cela m’a particulièrement touchée. J’étais très inquiète pour eux et je ne voulais pas que nos relations se dégradent. Beaucoup de Russes comme moi ne cautionnent pas du tout ce qui se passe. Nous sommes plusieurs à être allés gare de l’Est pour aider la Croix-Rouge en faisant de la traduction pour les réfugiés. Il y a une réelle mobilisation des Russes de France. Je sais combien c’est difficile de faire toutes les démarches quand on n’a pas la langue ni les repères. J’ai contacté mes amis ukrainiens pour savoir comment ils allaient et pour leur témoigner mon soutien. »

 

L’accueil d’une maman et de sa fille

« Une amie de Saint-Germain-en-Laye a accueilli 5 réfugiés dans un petit appartement, je lui ai proposé d’en héberger deux chez nous à Conflans, ce n’est pas loin. C’est même mon mari qui a suggéré cette idée avant moi. Nous l’avons expliqué à nos enfants de 3 et 4 ans, tout le monde a bien pris cette situation. Nous étions très contents de pouvoir aider une famille, lui permettre de se changer les idées, prendre du temps pour se poser, voir autre chose. À Conflans, le Guichet unique a été très à l’écoute et disponible pour Iryna et sa fille, sachant adapter ses procédures. Elles sont arrivées un samedi, ont effectué les premières démarches le lundi, les premiers tests à l’école Gaston-Rousset le vendredi avant de commencer les cours en classe la semaine suivante. L’école aussi a été très disponible et à l’écoute de leurs besoins. »

 

Les contacts avec la famille en Ukraine

« Iryna est originaire de Kharkiv, la 2e ville la plus importante d’Ukraine. La situation là-bas est toujours très grave et il est impossible de savoir ce qui va se passer à l’avenir. Chaque journée débute par des appels téléphoniques aux proches restés en Ukraine. Est-ce que la nuit s’est bien passée, est-ce qu’il y a eu des bombardements ? Est-ce que tout le monde va bien ? Le mari d’Iryna est vraiment courageux. Il a proposé ses services pour combattre mais les hommes ne peuvent pas tous être enrôlés dans l’armée ukrainienne. Elle a envie de rentrer chez elle lorsque cela sera possible mais même si, demain, la Russie quitte l’Ukraine, tout est détruit, il n’y a plus d’écoles ni d’infrastructures… Au début, certaines familles ukrainiennes hésitaient à mettre leurs enfants à l’école en France mais elles ont compris qu’elles ne pourraient pas rentrer rapidement dans leur pays. Même si l’Éducation nationale d’Ukraine propose des cours en ligne, c’était important de ne pas laisser Valeria toute la journée à la maison. On parle beaucoup de la guerre, les enfants ont besoin de voir autre chose. Et puis il faut profiter de cette expérience, découvrir une nouvelle culture… »

 

École et travail

« Les premiers retours de l’école sont très bons. Les professeurs sont contents car l’intégration s’est bien passée. Valeria a un bon niveau, le seul écart est par rapport à la langue. Mais elle commence à apprendre le français grâce à la présence dans cette école d’une enseignante de français langue étrangère (FLE). Valeria reste la majeure partie du temps en classe avec les autres élèves et, pendant les cours de français, rejoint le groupe FLE avec d’autres enfants de plusieurs pays. C’était la seule Ukrainienne de la classe, mais trois autres enfants l’ont rejointe récemment. Les autres élèves sont volontaires, ils arrivent à jouer ensemble. Ils sont bienveillants et attentifs à son égard. Une anecdote : un garçon lui a fait un croche-pied involontaire, il s’est tout de suite excusé et s’est dénoncé auprès de la maîtresse ! De son côté, Iryna a commencé à suivre des cours de français à la maison de quartier du Plateau-du-Moulin. La prochaine étape pour elle consiste à retrouver du travail. Je l’ai aidée à créer son espace personnel sur le site Internet de Pôle emploi et je l’ai accompagnée pour son premier rendez-vous avec un conseiller, même si elle se débrouille en anglais. »

 

Un avenir à dessiner

« Désormais, Iryna et Valeria ne sont plus chez moi. Dans un premier temps, c’était bien d’être sous le même toit pour s’intégrer plus rapidement dans leur nouvel environnement. Mais à plus long terme, elles n’étaient quand même pas chez elles, nos emplois du temps n’étaient pas les mêmes et elles avaient besoin d’indépendance. Elles ont déménagé dans un studio mis à disposition par la Ville au Clos-de-Rome. Mais je leur rends visite régulièrement. Nos enfants sont amis. Nous continuons à les aider et à être disponible en arrière-plan, pour un coup de main. Les informations venant d’Ukraine sont très lourdes. Toutes les deux ont besoin et envie de se divertir. Valeria faisait beaucoup de gymnastique en Ukraine. C’est dommage qu’elle ait perdu cette activité. Mais si la situation perdure au-delà de la rentrée de septembre, Iryna va chercher des activités à proposer à sa fille. Il y a beaucoup de choses à faire à Conflans. »