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Interview de Didier Leandri, président d’Entreprises fluviales de France

À la veille du Pardon national de la batellerie, entretien avec Didier Leandri, président de la fédération professionnelle Entreprise fluviales de France (E2F). Zoom sur une filière porteuse d’espoirs.

 

Vous avez créé Entreprises fluviales de France fin 2019, quel était l’objectif et quel bilan tirez-vous après deux ans ?

La dynamique E2F a été enclenchée avec succès. Les entreprises de navigation font le pari qu’une démarche de groupe bien organisée appuiera leur développement. De plus en plus d’entreprises nous rejoignent, ce qui fait d’E2F une organisation professionnelle aujourd’hui représentative, de droit privé, agissant en totale indépendance de l’État. La qualité d’écoute et la capacité à relayer les besoins et préoccupations des entreprises auprès de nos interlocuteurs ont été notre première priorité. C’est de cela et de cela seulement qu’E2F tirera sa légitimité et sa reconnaissance. Le travail collectif engagé suscite au moins autant d’attentes de nos membres que de nos interlocuteurs publics et privés, et cette attente grandit, c’est un très bon signe.

 

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur le secteur de la batellerie ?

Malgré le confinement, les transporteurs fluviaux, partenaires des chaînes logistiques, ont continué de se mobiliser pour assurer la continuité de l’approvisionnement des produits de première nécessité, au premier rang desquels les produits alimentaires et énergétiques indispensables à la vie de la Nation mais aussi les produits sensibles qui ne pouvaient pas prendre la route, ou encore l’évacuation des déchets et leur valorisation. Le fret fluvial a montré sa capacité de résilience. Cette poursuite d’activité a été rendue possible par l’engagement de nos personnels, la confiance que continuent de nous accorder les chargeurs et la continuité de service assurée par les gestionnaires d’infrastructures et les différents acteurs de la chaîne logistique et transport. En matière de tourisme, le constat est tout autre, fermés administrativement pendant plusieurs mois et avec une absence de touristes étrangers, les opérateurs sortent exsangues de la crise mais plus combatifs que jamais pour la reconquête.

 

Quelle est la situation économique de la batellerie aujourd’hui en France ?

Après une année 2021, sous le signe de la reprise, l’année 2022 s’annonce compliquée au regard de la baisse d’activité, notamment en Seine, et de la hausse des coûts d’exploitation : carburant, entretien… Le fluvial reste cependant toujours un pivot des chaînes logistiques dans le secteur de l’agroalimentaire et des matériaux, et de plus en plus dans celui des conteneurs.

 

Est-ce une filière d’avenir pour des jeunes en quête d’orientation professionnelle ?

À date, le secteur manque de personnel et les perspectives de développement sont telles que le secteur offre des choix de carrière nombreux, dans tous les segments de marché : fret et passagers. Il se modernise et devient attractif y compris en termes de rémunérations. Le fluvial est à la croisée des chemins des priorités du Pays en termes de développement industriel et de transition écologique, les politiques publiques s’en saisissent à des niveaux peu ou pas atteints depuis 20 ans. Les chargeurs choisissent eux aussi et de plus en plus d’inscrire leur organisation logistique dans le cadre du report modal en basculant leur marchandise de la route au fleuve et au rail. Faire le choix du fluvial quand l’on débute dans la vie active, c’est faire le choix d’un métier pas comme les autres et d’un engagement de son temps.

 

E2F s’est « invité » dans la campagne des présidentielles en formulant des propositions aux candidats, pouvez-vous résumer cette démarche ?

Aujourd’hui, le transport fluvial est au cœur des grands enjeux qui animent notre société et il est grand temps que les pouvoirs publics s’en rendent compte et s’emparent du sujet fluvial. Mettre la priorité sur le transport fluvial c’est investir peu pour un bénéfice collectif durable et certain. Notre plateforme de propositions aux candidats à la présidentielle, qui s’intitule « Le transport fluvial, filière stratégique pour un avenir durable » se décline en 13 propositions concrètes à même de dynamiser la filière, de faciliter sa transition énergétique et de lui permettre de franchir des étapes majeures pour son développement et la reconnaissance de ses entrepreneurs. La France est une terre d’eau, elle mérite l’affirmation d’une ambition fluviale forte.

 

Quelles sont les grands enjeux pour la batellerie dans les années qui viennent ?

L’enjeu écologique est au cœur de l’avenir de la Batellerie, pour deux raisons principales. Une raison qui tient aux déséquilibres qui touchent de plus en plus la gestion de l’eau en France avec des désordres qui sont autant de freins à son développement (algues envahissantes dans les canaux, préservation du niveau d’étiage, phénomènes spectaculaires de crues) que d’opportunités si les Politiques Publiques s’en saisissent et décident de placer la question de la ressource au cœur de leurs priorités. Une raison qui tient à la nécessité de réduire la pollution des transports, et nous savons que le bilan écologique du transport fluvial est très bon et constitue une solution à ce problème.

 

Pour terminer, un mot sur le Pardon national de la batellerie, un rendez-vous important à vos yeux ?

Pour nous c’est une véritable tradition, le Pardon national de la batellerie ! C’est l’occasion pour tous d’en connaître davantage sur le transport fluvial et plus généralement sur l’univers des fleuves. C’est aussi la rencontre des gens d’à bord et des gens d’à terre, la preuve du lien fort entretenu par Conflans-Sainte-Honorine avec le fleuve ainsi que l’occasion de rencontrer les acteurs qui font vivre le passé, le présent et le futur du transport fluvial français. D’années en années, nous participons aux réunions d’organisation de cette grande fête, menées par la Ville de Conflans-Sainte-Honorine, et tous les ans de nouvelles idées émergent ; on sent tous les acteurs mobilisés pour faire du Pardon de la batellerie un moment privilégié à partager en famille ou entre amis, que l’on connaisse le monde fluvial ou non. Et la procession fluviale des bateaux, c’est un peu le feu d’artifice de cet évènement !